Sans banque
novembre 2024
Les deux derniers éditos laissaient en suspens la question du pourquoi, et ce n’est pas encore dans celui-ci qu’on clora le sujet. L’actualité brûlante de la vie de l'association nous amène à aborder un autre aspect d’un lieu pour respirer : sa
GOUVERNANCE
Pour s’occuper d’un projet comme celui-là, nous avons calculé qu'il fallait au minimum 1,7 plein temps. Il y a eu des moments difficiles, où nous étions peu nombreux, et ça a représenté beaucoup de travail pour celleux qui œuvraient. Aujourd'hui, la dynamique est lancée, il y a une belle équipe de personnes investies. Et ce qu’il y a de fantastique, c’est que tous ces gens, qui ne se ressemblent pas, cherchent et trouvent les modalités pour travailler ensemble, aucunement dans leur intérêt personnel, mais pour un projet auquel ielles croient.
Toutes ces personnes s’associent sans but lucratif. Ça se traduit dans les faits par une forme juridique, et donc les personnes morales qui en résultent. Celles-ci (dans ce cas l’association “loi de 1901”) sont définies par leurs statuts, qui représentent le contrat associatif auquel adhèrent les membres. Ceux d’un lieu pour respirer ont été mûrement réfléchis à partir d’un modèle proposé par un juriste au Conseil d'État. Les instances de gouvernance peuvent avoir des formes diverses, au gré des besoins. Pour ce qui est du bureau, qui est fait des personnes déléguées par le conseil d'administration pour gérer les affaires courantes et représenter l’association, ce qui est dit par la loi est qu’il doit être composé d’au moins deux personnes (comme une association d'ailleurs), qui traditionnellement se répartissent les rôles de président·e, trésorier·e et secrétaire. Mais personne n’a jamais dit qu’il était obligatoire d’y avoir des fonctions déterminées.
Lors de la rédaction des statuts, nous avons opté pour un “bureau collégial”. Tous les membres du bureau assument solidairement toutes les fonctions (président·e, trésorier·e, secrétaire). Cela a des avantages (personne ne peut se targuer d’une fonction donnée et se débarrasser ainsi de ce qui ne lui semble pas dévolu) et des inconvénients (parfois, s’il y a trop de monde au bureau, cela dilue les responsabilités - “si je ne suis pas là, un·e autre s’en occupera”), mais on a réussi à trouver un fonctionnement équilibré. En tous cas on s’est dit que d’”assumer solidairement”, ça nous allait bien. Et on a vraiment la sensation de former une équipe - ouverte !
On a donc fait toutes les démarches de création de l’association, et, entre autres, on a ouvert un compte en banque. Il nous a semblé naturel de choisir une banque mutualiste, qui porte un intérêt tout particulier aux associations au point d'avoir un site de ressources dédié, et qui revendique dans sa communication d'être la première banque des associations : le Crédit Mutuel. On va à l’agence de la Porte des Lilas, on y ouvre un compte. un lieu pour respirer est un client sans histoire, on ne fait jamais aucune demande, sauf là, dernièrement, quand on veut ajouter un mandataire. On prend rendez vous, Jérôme et Morgane y vont, sont reçu·e·s par le directeur, qui demande qui est le président, et là… patatras. Après discussion, il ressort que ce monsieur ne veut pas d'associations à bureau collégial, que c'est techniquement un problème, qu’il n’a pas les bonnes cases à cocher dans son logiciel, et, pour conclure, que les banques sont parmi les rares commerces qui peuvent choisir leurs clients, alors, c’est décidé,
ON NOUS CLÔTURE NOTRE COMPTE !
(On en a eu confirmation par lettre recommandée jeudi, sans justification aucune.)
Lorsqu’on on lui a demandé si c’est parce que la forme était différente de ce dont il avait l’habitude, il a acquiescé. Alors on lui a demandé si une personne différente de ce dont il avait l’habitude, par exemple handicapée, serait refusée dans son agence, et il s’est écrié que non, ce serait de la discrimination. Et pourtant, de là, il apparaît qu’
IL EXISTE AUSSI UNE DISCRIMINATION ENTRE PERSONNES MORALES.
Mais une réflexion philosophique sur ce thème pourtant passionnant n’intéressait visiblement pas ce monsieur, et nous sommes aujourd’hui à la recherche d’une solution. Ça ne veut pas dire que nous laissons tomber : les prochains épisodes seront racontés au fur et à mesure. À suivre donc, et, en attendant, une abondante documentation sur les instances collégiales est disponible sur l’Associathèque, précieux site de ressources associatives proposé par… le Crédit Mutuel. À consulter ici, c’est plein d’enseignements, monsieur le directeur !
Pablo et le conseil d'administration d'un leu pour respirer